Immersion dans l’archipel des Féroé
Récit d’une immersion solitaire de 7 jours dans les îles Féroé à la découverte des paysages verdoyants de l’atlantique nord.
Août 2018. J’arrive par avion à Sorvagur, seul aéroport des îles Faroe et me rend directement à pied à l’embarcadère pour attraper l’un des 2 bateaux de la journée. Ce sera celui de l’après-midi. Je prends place à bord de la petite embarcation avec quelques locaux et apparemment très peu de touristes. Il nous faut à peu près 45 minutes pour nous rendre sur Mykines qui est l’île la plus à l’ouest de l’archipel.
Nous dépassons notamment la formation rocheuse de Drangarnir reconnaissable avec son arche. C’est devenu un des emblèmes du pays. Lorsque nous arrivons, le capitaine ne prend pas le temps d’arrimer. Nous sautons sur le quai et moins d’une minute plus tard le bateau est déjà sur le retour. Me voilà avec mon sac à dos pour 2 jours dans cette île de 10km2 et qui ne compte pas plus de 20 habitants à l’année ! Très surement un peu plus pendant la période estivale.
Je cherche le terrain pour planter ma tente, le temps est menaçant il ne faut pas que je tarde trop. C’est toujours mieux de déplier la tente au sec !
J’ai une vue assez imprenable sur le village et l’océan, je suis seul.
Le lendemain, je commence à prendre mes habitudes de voyage : levé aux alentours de 6 heures pour profiter des premières lueurs du jours. En été, les nuits sont très courtes à ces latitudes., environ 5 heures d’obscurité.
Je me dirige vers l’extrémité ouest de l’île où se trouve le phare. Je sais qu’il y a un bateau qui arrive sur les coups de 11h avec pour moi le risque de voir débarquer les touristes à la journée. Je veux profiter de l’endroit tranquillement et seul pour n’avoir personne sur les photos. Je suis servi, je ne croise que des moutons et des colonies de macareux. Les paysages à flanc de falaises sont magnifiques et vertigineux.
Le brouillard s’épaissit assez soudainement et la pluie commence à tomber sur le chemin du retour. Après une brève halte le temps de manger un morceau, je me mets en tête de monter vers le sommet de l’île. Mauvais plan : avec le brouillard je ne vois pas à 10 mètres et la pluie commence à s’intensifier. Après 1h, sous l’eau je rebrousse chemin découragé de n’apercevoir aucun paysage.
Les aléas du climat des mers du nord de l’Europe !
Un peu plus tôt dans la journée j’ai croisé Johan qui était avec moi sur le bateau lors de l’aller. Je discute rapidement avec lui et il me convie à venir passer la soirée chez lui en compagnie de quelques amis. Je me retrouve donc à discuter, diner boire avec une partie des habitants de l’île à qui je pose de nombreuses questions, notamment sur la vie aux îles Féroé et sur leur volonté d’indépendance du Danemark.
Même si l’hospitalité m’est gentiment proposée pour la nuit je retourne dormir sous ma tente. Je plie bagage le lendemain matin pour retourner sur l’île principale.
Le jour suivant je reprends le bateau avec une mer très agitée qui ne manque pas de donner la nausée à quelques passagers. Le bateau bouge énormément. Même si j’avais plus ou moins prévu ma route, j’ai suivi quelques conseils de Johan et de ses amis et décide de me rendre sur l’île de Suðuroy, à l’extrémité sud de l’archipel. Le ferry partant en fin de journée, je prends mon temps pour explorer la route et notamment le village de Nordradalur. Là aussi, il n’y a personne et je me promets de revenir car il me semble deviner des hauteurs accessibles avec des falaises et une vue imprenable.
Je débarque assez tard et me rends directement vers Hvalba pour passer la nuit. Pas de coucher de soleil mais une vue magnifique sur les falaises.
Le jour d’après, mon rituel quotidien continue, je suis toujours à la chasse des premières lueurs de l’aube. Je monte vers Sandvik puis me dirige vers Hvannhagi pour atteindre un lac entouré d’un cirque. Encore une fois, totalement seul au monde. C’est peut-être l’avantage de commencer les randos dès 7h du matin !
Je reprends la route pour me rendre à Vàgur puis Bennisvord par la route panoramique – il en existe un certain nombre aux Féroé et elles sont balisées. La vue sur les falaises est magnifique mais la lumière de mi-journée est trop dure. Je reviendrai ce soir.
En attendant, je me dirige vers Akrabag à la recherche d’un sentier côtier dans ce paysage de pierre. Mais impossible de le trouver ! Je me balade alors librement au milieu des moutons et d’un paysage très différent de ce que j’ai pu voir jusqu’à présent. Je fais demi-tour quand je me trouve face à une paroi qu’il faudrait escalader à flanc de falaise. Pas totalement raisonnable, je suis seul, personne ne sait où je suis et à plus de 2 heures de marche de la première maison.
Comme je me l’étais promis, je retourne ensuite Beinisvord où un épais brouillard m’enveloppe dans la montée. Je peste. La lumière de mi-journée quelques heures plus tôt et maintenant je ne vais plus rien voir ! Le vent est violent au sommet et il dissipe mes espoirs de capturer des images par drone. Je m’approche des falaises, résolu à attendre une éclaircie pour capturer la vue. Je croise un photographe allemand très équipé avec plusieurs appareils et trépieds qui est là pour 6 semaines et se concentre sur la réalisation d’un film. Il fait des prises en accéléré (time lapse), le résultat n’est vraiment pas mal du tout !
Par chance le soleil fait une brève apparition et éclaire les falaises. Parfait ! Le spectacle est grandiose.
Le lendemain matin je prends le ferry de 6h pour retourner sur l’île principale puis la direction de Klaksvik où se tient le festival de musique annuel et qui attire pas mal de monde. J’ esquive la ville pour me rendre en marchant au point dominant des environs : Klakkur. Je me fais surprendre par une averse qui n’entame pas ma bonne humeur matinale. Au sommet la vue à 360 degrés est tout simplement imprenable sur les îles de Kunoy et Kalsoy. C’est différent de ce que j’ai pu voir jusqu’à présent, notamment en raison de la forme des fjords.
J’attends ensuite un ferry pour m’amener sur l’île de Kalsoy. A son extrémité il doit y avoir un phare juché sur une la falaise. La vue est encore une fois assez saisissante ! Le temps couvert m’oblige à revoir mes ambitions de coucher de soleil.
Je me rends aux alentours du Fjord de funningsfjordur pour passer la nuit.
Le lendemain, je profite de la route vers Funningur pour prendre des clichés de l’intérieur du fjord. Finalement, moi qui pensais faire une courte halte, je reste planté là plus d’une heure et demie… C’est toujours comme ça quand je trouve des lieux photogéniques.
Direction ensuite Gjogv avec ses falaises et sa faille qui entrouvre le paysage. Je fais la rencontre de quelques motards fraîchement débarqués d’Islande. Ils sont bien contents de trouver un endroit un peu plus préservé du tourisme.
Je m’arrête non loin d’Eidi pour profiter des prairies vertes et de la multitude de fleurs blanches qui ressemblent à du coton. Il y a une super vue sur le rocher de Tjornuviksstakur.
J’arrive ensuite à Tjornuvik assez tardivement, mais la nuit ne tombant qu’après 23h, j’en profite pour faire un début de rando qui mène à Saksun sur les hauteurs de la ville.
Au réveil je prends la route pour Saksun. Je sais qu’il s’agit d’un point d’intérêt majeur et veux absolument éviter le monde.
J’arrive vers 6h30 et bingo : personne, je suis le premier à arriver. Le village est magnifique avec sa lagune entourée de falaises. Je commence une nouvelle rando, l’autre bout de celle commencée hier soir à la tombée de la nuit.
L’après-midi je retourne près de Nordradalur pour explorer les environs comme je m’étais promis de le faire en début de séjour.
Après un peu de marche je découvre un lac d’altitude, entouré de montagnes, elle mêmes encerclées de falaises. Je ne suis pas certain d’être sur un quelconque chemin et je ne regrette rien à cette initiative. La lumière commence à baisser et je vais vers Sorvagsvatn pour le coucher du soleil mais j’arrive un peu tard. Même si le coucher de soleil est superbe, les falaises sont à l’ombre. Je reste tout de même environ 2 heures à arpenter les environs et rentrerai à la frontale.
Le lendemain matin à l’aube je refais exactement la même marche de 5km pour revenir aux falaises et profiter d’un éclairage différent.
Direction ensuite Bour et Gasaladur pour profiter du coucher de soleil avant de reprendre la direction de la France.
La série de photo des îles Féroé est disponible sur mon site en cliquant ICI